Le plaisir épicurien, un allié pour manger sainement ?
La recherche en alimentation
associe souvent les concepts de
surconsommation - ou l’échec
de l’autorégulation - au plaisir
de manger, ainsi considéré
de manière négative. Le plaisir
représente alors la satisfaction
des impulsions viscérales, en
réponse à des signaux internes
ou externes. La recherche sur
les aspects socio-culturels de
l’alimentation a, au contraire,
développé une vision positive du
plaisir alimentaire : plus durable,
basé sur l’appréciation sensorielle
et la valeur symbolique des
aliments, il est nommé « épicurien ».
Dans cet étude [1], les auteurs ont
développé puis testé une échelle
mesurant le plaisir épicurien et
ont ensuite comparé leurs résultats
à ceux obtenus avec des
échelles mesurant le plaisir viscéral
(échelles d’alimentation en
réponse à des signaux externes
et aux émotions). Ils ont ensuite
étudié les associations entre le
plaisir épicurien et viscéral et
deux paramètres liés à l’alimentation
– la restriction alimentaire
et l’inquiétude pour sa santé,
ainsi qu’avec des variables démographiques.
Enfin, l’association
entre les deux types de plaisir, les
préférences de taille de portion
et le bien-être ont été analysés.
250 Américains ont répondu aux
différents questionnaires validés
préalablement.
Les résultats ont montré que les
tendances au plaisir épicurien
et viscéral étaient bien distinctes.
Les femmes ont obtenu des
scores de plaisir épicurien significativement
plus hauts que les
hommes (alors que les paramètres
d’âge, revenu, éducation et
IMC n’avaient pas d’impact). Les
scores de plaisir viscéral ont été
positivement corrélés à l’IMC. La
préférence pour des grosses portions
était négativement corrélée
au plaisir épicurien mais très positivement
corrélée au plaisir viscéral.
Les mangeurs restreints, tout
comme les personnes soucieuses
de leur santé ont eu tendance à
préférer de petites portions (mais
avec un « coût hédonique »).
Enfin, le score de bien-être était
positivement corrélé au plaisir
épicurien et très négativement
corrélé aux scores d’alimentation
en réponse à des signaux
externes et aux émotions. Le
bien-être était également négativement
corrélé à la préférence
pour des grosses portions et à la
restriction alimentaire.
Sur la base de ces résultats,
les auteurs plaident pour une
approche holistique, dépassant
l’approche moralisatrice qui
associe plaisir alimentaire à plaisir
viscéral de « bas-niveau ».
Ils incitent à reconnaître le rôle
positif du plaisir épicurien qui
favorise une alimentation saine
et le bien-être.
Les enfants en
surpoids associent-ils d’avantage les
événements festifs à la nourriture ?
Lorsqu’on pense à Noël, on peut tout aussi bien se
représenter un sapin de Noël qu’une dinde aux marrons
ou une bûche : les fêtes et événements sont en
effet souvent associés à l’alimentation. Cette étude [2]
s’est intéressée aux associations spontanées entre des
fêtes ou événements et la nourriture chez les enfants.
111 enfants allemands âgés de 10 à 13 ans ont été
interrogés sur les 5 premières associations qu’ils faisaient
avec les événements suivants : Noël, les vacances,
le week-end, le carnaval et l’anniversaire.
Ces
associations ont été classées en deux groupes, selon
leur lien ou leur absence de lien avec la nourriture. Les
enfants pouvaient ensuite choisir entre un bonbon ou
un jouet. Les relations entre le nombre d'association
en lien avec la nourriture et l'IMC des enfants ou avec
le choix d'un bonbon plutôt que d'un jouet ont été
analysées.
Contrairement à ce qui était attendu, l’IMC a été négativement
associé au nombre d’associations en lien avec
la nourriture (P = 0,02) : plus leur IMC était faible, plus
les enfants ont fait des associations en lien avec la
nourriture. Aucune relation n’a été montrée entre le
nombre d’associations en rapport avec la nourriture et
le choix d’un bonbon plutôt que d’un jouet.
D’après les auteurs, pour les enfants minces mais pas
pour les enfants obèses, les sucreries seraient exclusivement
reliées à des occasions spéciales, ce qui expliquerait
les résultats liés à l’IMC. Ces associations pourraient
découler de différences dans le style parental,
avec un style souvent plus restrictif chez les parents
d’enfants minces (qui restreignent certains aliments
à des occasions précises) et plus permissif chez les
parents d’enfants obèses.
Références
- Pleasure as an ally of healthy eating? Contrasting visceral and Epicurean eating pleasure
and their association with portion size preferences and wellbeing. Cornil Y, Chandon P.
Appetite. 2015 Sep 10. pii: S0195-6663(15)30014-3.
- Sweet Christmas: Do Overweight and Obese Children Associate Special Events More Frequently
with Food than Normal Weight Children? Carolien Martijn, Sophie Pasch, Anne Roefs. Appetite,
Vol 96, Jan 2016, 426–431.
SOURCE :
CEDUS